L’association Zero Waste France milite depuis plus de 20 ans pour la réduction des déchets et du gaspillage. Elle a pour objectif d’informer et proposer des outils aux citoyens mais aussi de faire avancer les politiques publiques. Elle s’attaque désormais à une nouvelle cible, l’industrie de la « fast fashion » qui « exploite la planète et les humains ».
Une lutte partagée par les Nations Unies, notamment à travers la création en 2019 de l’Alliance des Nations Unies pour une mode durable. Cette initiative des agences des Nations Unies et des organisations alliées vise à contribuer aux Objectifs de développement durable par une action coordonnée dans le secteur de la mode en réduisant ses impacts environnementaux et sociaux négatifs.
La fast fashion, c’est quoi ?
La « fast fashion » est un système de production de l’industrie de la mode relativement récent qui a pour but de fabriquer rapidement et très régulièrement des vêtements bon marchés et de qualité inférieure en réponse aux dernières tendances.
Cette vision de la mode permet de proposer des produits toujours moins chers et des nouvelles collections tous les mois voire toutes les semaines, ce qui incite à la surconsommation. Une « évolution de la mode » préoccupante selon Zero Waste France car elle a « des conséquences sociales, environnementales et sanitaires ».
Un coût environnemental et sanitaire exorbitant
L’industrie de la mode, avec la « fast fashion » en tête, est « la 2ème industrie la plus polluante » et pèse sur nos ressources planétaires. Une industrie qui pose problème à toutes les étapes de production nous explique Zero Waste France.
La fabrication du coton, la fibre la plus utilisée pour la confection de vêtement, « qui demande une quantité d’eau importante, provoque l’assèchement de zones entières et prive les populations de cette ressource naturelle essentielle ». En effet, il faut entre 5000 et 17 000 litres d’eau pour produire 1kg de coton selon l’ADEME et quand la pluie ne suffit pas, les eaux des rivières, des lacs et des nappes phréatiques sont détournées.
L’industrie consomme environ 215 000 milliards de litres d’eau par an faisant d’elle la deuxième plus grande consommatrice d’eau d’après l’ONU.
A cela s’ajoute l’impact des teintures dont les composants chimiques rejetés dans la nature et notamment les cours d’eau entrainent des problématiques sanitaires et détruisent les écosystèmes dans les zones de confections. Les substances chimiques de ces teintures endommagent aussi la santé des ouvriers qui les manipulent en usine mais aussi celle des consommateurs.
Le coût environnemental de ce secteur ne se limite pas à l’étape de la fabrication. Le mode de distribution est souvent très gourmand en carbone.
« Le vêtement avant d’arriver dans notre armoire parcourt des milliers de kilomètres, les étapes de fabrication étant réparties un peu partout dans le monde ». L’industrie de la mode est responsable d’environ 2 à 8 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et consomme plus que tous les vols internationaux et la navigation maritime réunis selon les sources onusiennes.
La mode jetable : du placard à la poubelle
Le système de la « mode rapide » se base sur « une pression marketing qui pousse à toujours acheter davantage et plus souvent tout en se débarrassant plus vite des achats précédents », notamment à cause de la mauvaise qualité du produit et de l’obsolescence des tendances.
Ce fonctionnement « entraine en bout de chaîne des montagnes de déchets dont on ne sait que faire. Ces vêtements sont difficilement recyclables car les modèles de fast fashion sont souvent des mélanges de matières » nous explique Zero Waste France. A savoir que 700 000 tonnes de textile sont jetées chaque année en France. « Dans ce système personne ne s’y retrouve, sauf les industries ».
Se vêtir autrement et durablement
C’est pourquoi il est important d’agir dès maintenant. C’est en ce sens que Zero Waste France, dans une approche plus globale, a lancé depuis 4 ans le défi « Rien de neuf » qui comptabilise maintenant plus de 66 000 participants. Un défi qui consiste à essayer d’acheter le moins d’objets neufs possible pendant un an. « Il s’agit donc de questionner ses besoins à chaque intention d’achat ».
Dans ce défi qui traite d’une multitude de problématiques du quotidien, l’association a par exemple abordé en juin dernier le cas des vêtements de sport. « Ces vêtements sont particulièrement problématiques car ils sont en matières synthétiques et contiennent donc des microparticules de plastique ». Ils sont particulièrement polluants et souvent renouvelés annuellement par les consommateurs. Les textiles représentent environ 9 % des pertes annuelles de microplastiques dans les océans d’après l’ONU.
Zero Waste France souhaite donc désormais s’attaquer directement à la fast fashion à la faveur d’une nouvelle initiative qui sera rendue publique en octobre prochain.
« Sortir de la frénésie de l’achat »
En cette période de retour à l’école, de soldes et de changement de saison propice à l’achat de nouveaux habits, Zero Waste France nous livre ses deux recommandations majeures.
« Il faut essayer de sortir de la frénésie de l’achat » et prendre le temps de réfléchir à ses besoins. Car « il n’y a pas d’urgence comme pour l’alimentaire, nous avons toujours le temps » contrairement à ce que le marketing et les offres promotionnelles nous font penser. Cette réflexion réduit déjà de fait notre consommation, nous dit Zero Waste France.
Et si nous avons vraiment besoin de nouveaux vêtements, nous pouvons considérer des alternatives telles que l’emprunt, l’achat d’occasion ou la récupération qui « ont pour effet principal d’allonger la durée de vie des objets » et ont des retombées environnementales grâce à la réduction du volume de déchets et surtout la réduction de la consommation de matières premières pour fabriquer des produits neufs.
Pour vous engager et relever le défi « Rien de neuf » auprès de Zero Waste France et recevoir leur newsletter vous pouvez vous inscrire sur leur site.
Pour en savoir plus
La Fondation Elyx, qui accompagne depuis plusieurs années les Nations Unies dans la promotion des Objectifs de développement durable a créé une série d’infographies sur la mode responsable.
L’inclusion d’une association, organisation, entreprise ou personne dans la série « SDGActors » du Centre régional d’information des Nations Unies (UNRIC) ne signifie pas une reconnaissance par les Nations Unies.