Quel était votre parcours académique lorsque vous avez postulé pour un stage à UNRIC ?
Je venais d’obtenir une double licence en Science Politique et Histoire à l’Université Paris Sorbonne (Paris IV).
Quelles étaient vos principales tâches en tant que stagiaire à UNRIC ?
Chaque jour, j’analysais les médias français et rédigeais une revue de presse quotidienne qui était par la suite envoyée au Siège des Nations Unies, à New York. Ensuite, je m’occupais également de traduire en français le « Calendrier des événements de la semaine des Nations Unies et rédiger la lettre d’information mensuelle du Bureau France et Monaco. J’ai également eu la chance de participer à la rédaction du contenu d’un site web « KnowYourRights » à l’occasion du 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Enfin, j’ai fourni un appui logistique pour une conférence internationale sur les droits du peuple palestinien qui s’est tenue à la Commission européenne.
Qu’avez-vous retenu de cette expérience ?
Ce stage a été ma première introduction à l’univers des Nations Unies, ce fut donc pour moi une expérience incroyable et très enrichissante. En plus de mes tâches quotidiennes qui étaient intéressantes, j’ai pu prendre part et découvrir les divers aspects du fonctionnement et de la gestion des affaires internationales, et pas seulement d’un point de vue de la communication.
C’était aussi ma première expérience dans un environnement multiculturel car je travaillais avec des stagiaires venant de différents pays. Je l’ai trouvé enrichissante et très inspirante.
Ce stage vous a-t-il aidé dans votre carrière ? Si oui, comment ?
D’un point de vue pratique, c’est à mon stage que j’ai entendu parler pour la première fois du concours « UN Young Professionals Programme » (YPP) (« Jeunes administrateurs des Nations Unies »), qui s’appelait alors le NCRE. Ce concours a été une étape clé dans ma carrière et a défini les six dernières années de ma vie professionnelle. J’ai toujours été reconnaissante envers les représentants des différents bureaux d’UNRIC pour avoir organisé une session d’orientation pour les stagiaires qui aspiraient à devenir fonctionnaire de l’ONU. Les chefs d’équipe étaient incroyablement gentils et solidaires, beaucoup d’entre eux sont mêmes devenus des mentors longtemps après la fin de mon stage. Je suis restée en contact non seulement avec mon supérieur qui était le représentant du Bureau France et Monaco, mais aussi avec le directeur d’UNRIC. Tout le monde était incroyablement attentionné et solidaire, et grâce à leur aide, j’ai pu arriver au point où j’en suis aujourd’hui, c’est-à-dire membre du personnel de l’ONU.
Quel a été votre meilleur (et pire) souvenir de ce stage ?
Mon meilleur souvenir a été le travail que nous avons fait sur le site web pour le 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. J’ai été chargée entre autres de développer un quiz pour les enfants afin de tester leurs connaissances sur les droits de l’homme. C’était un exercice amusant.
Le pire ? J’étais de loin l’une des plus jeunes stagiaires. La plupart avaient alors entre 25 et 28 ans, étaient titulaires d’un master et avaient fréquenté des écoles très prestigieuses, ou déjà travaillé à l’international. De mon côté, je n’avais que 21 ans, avec une licence en poche d’une bonne université mais rien d’exceptionnel, et c’était ma première expérience dans le milieu des affaires internationales. J’ai donc eu du mal à m’intégrer et à me sentir acceptée, et j’étais très intimidée par les autres stagiaires. Beaucoup d’entre eux avaient de très grandes ambitions avec des parcours professionnels clairement définis. Donc, d’un point de vue social, c’était un peu difficile à l’époque, mais en y repensant, cela m’a vraiment beaucoup appris en termes d’intelligence émotionnelle et pour construire mon caractère, et cela m’a éveillé sur de nombreux sujets internationaux
Quel tournant a pris votre carrière après avoir quitté UNRIC ?
J’ai passé le test du YPP en 2011. En mars 2014, j’ai été sélectionnée parmi la liste des participants et on m’a offert mon premier poste temporaire au bureau d’ONU Info à New York. Cela m’a aidé sur plusieurs points : j’ai pu mieux comprendre l’étendue des activités et des actions de l’ONU à travers le monde, savoir quelles personnes, hommes et femmes, y travaillaient mais aussi avoir une vue d’ensemble des différents événements qui s’y déroulent tout au long de l’année. Cependant, j’ai pu également m’apercevoir des diverses contraintes et défis qu’engendrent le fait de devoir travailler dans différentes langues et les éléments de sécurité/techniques qui rendent le département de la communication des Nations Unies finalement beaucoup moins flexible que si j’avais travaillé dans le secteur privé.
On m’a ensuite offert un CDD au siège de l’OCHA, également à New York, où j’élaborais des plans stratégiques de communication. Cela a été extrêmement enrichissant et j’ai beaucoup appris en termes d’élaboration de campagnes numériques, de collaboration avec des partenaires, etc…
Après deux ans en poste, les lauréats du YPP doivent changer d’emploi afin d’être exposés à de nouveaux bureaux et à de nouveaux projets. J’ai donc été transférée à l’agence spécialisée ONU-Habitat à Nairobi, où je devais m’occupais non seulement de la gestion des programmes mais aussi de l’information. J’ai notamment dirigé les actions de communication entourant la Conférence internationale Habitat III (du 17 au 20 octobre 2016). C’était la première fois que je travaillais en Afrique, une expérience qui m’a apporté beaucoup d’enseignements d’un point de vue personnel et professionnel. C’était aussi la première fois que je dirigeais une équipe de consultants, ce qui est très important pour moi car j’espérais devenir chef d’équipe.
Je suis actuellement fonctionnaire de l’information, de retour à OCHA, mais cette fois dans un bureau au Nigéria, parce que j’avais vraiment envie d’une expérience de terrain après avoir passé 3 ans dans les bureaux. J’aime mon travail plus que tout et je peux enfin voir l’impact que l’ONU peut avoir dans le monde. C’est un énorme privilège d’y travailler.
Que conseilleriez-vous à un futur stagiaire ?
Ne vous laissez jamais intimider et penser que vous n’y arriverez pas. Il n’y a pas que les enfants d’un tel ou d’un tel qui peuvent réussir à l’ONU. J’en suis l’exemple même, car je viens finalement de nulle part : mes parents sont ouvriers, ma mère a un diplôme d’études secondaires et mon père a quitté l’école à l’âge de 6 ans. Pour autant, ils m’ont toujours poussé à viser plus haut et à dépasser les obstacles.
N’hésitez pas à vous déplacer, à voir un peu de tout, à essayer différents types de travail et de bureaux… L’ONU offre un vaste panel de possibilités. Dans votre carrière, n’hésitez pas à prendre des risques car en général ils s’avèrent payants.