« Que portiez-vous ? ». Une robe de soirée, un tailleur pantalon, votre uniforme d’infirmière, un jean, un bermuda… La question, trop souvent posée aux victimes de violences sexuelles n’a aucun sens. Peu importe l’habit quand toute la responsabilité de l’acte violent devrait revenir à l’agresseur.
C’est ce que montre l’exposition « Que portiez-vous ? » – What Were You Wearing ? – qui a ouvert ses portes au Parlement bruxellois le 20 juin. Sur des mannequins sont exposées une centaine de tenues, de femmes majoritairement, mais aussi d’hommes et d’enfants. Avec un point commun, elles ont toutes été portées par une ou un survivant d’agression sexuelle ou de viol au moment des faits.
« La tenue n’est pas la cause de l’agression, la cause, c’est l’agresseur. On ne lutte pas en changeant la façon de s’habiller mais en déconstruisant les idées reçues », a estimé le vice-président du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale, Guy Vanhengel, à l’inauguration de l’exposition.
« Mon corps est une scène de crime », raconte Amanda Nguyen, victime d’un viol il y a quelques années sur le campus de la prestigieuse université américaine de Harvard. C’est elle qui avec son association « Rise » a eu l’idée de cette exposition, qui a déjà été installée dans de nombreuses villes et notamment au siège de Nations Unies à New York.
« Personne n’est impuissant lorsque nous nous rassemblons et personne n’est invisible lorsque nous exigeons d’être vus. Alors, exigez d’être vus ! », a plaidé Amanda Nguyen.
L’exposition est organisée par Spotlight, une initiative conjointe de l’ONU et de l’Union européenne pour mettre fin aux violences faites aux femmes et aux jeunes filles. Dans le monde, 1,3 milliards de personnes ont été victimes de violences sexuelles, et même si les statistiques sont difficiles à obtenir à cause de la stigmatisation, on estime qu’une femme sur trois dans le monde est concernée.
Un problème international et local
Les agressions sexuelles ne connaissent pas de frontières et constituent une violation flagrante des droits de l’homme. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que 35 % des femmes dans le monde ont survécu à des violences sexuelles.
En Belgique, 64 % des personnes âgées de 16 à 69 ans ont subi une agression sexuelle au cours de leur vie (4/5 filles et femmes, 1/2 garçons et hommes). Malgré l’exposition d’une grande partie des femmes belges à ces violences, seules 37 629 poursuites ont été engagées par la police en 2018 pour violences physiques et/ou sexuelles et 3 285 pour viol.
Selon le rapport annuel 2023 de l’Initiative Spotlight, celle-ci a contribué à doubler le taux de condamnation des auteurs de violences basées sur le genre dans 12 pays, tandis que 2 millions d’hommes et de garçons ont été sensibilisés à la masculinité positive et à la résolution non violente des conflits.
Visitez l’exposition
L’exposition est gratuite et se tient jusqu’au 1er juillet inclus au Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale.
Heures d’ouverture : de 9h à 17h.
Besoin de parler à quelqu’un ?
En tant que victime et personne de confiance, vous pouvez appeler ou envoyer un courriel à un centre d’aide aux victimes d’agressions sexuelles ou vous rendre (avec une victime) dans un centre de prise en charge des violences sexuelles. Vous trouverez les coordonnées de ces centres dans toute la Belgique et des informations complémentaires ici. https://www.violencessexuelles.be/centres-prise-charge-violences-sexuelles
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