Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré le 23 juillet l’urgence de santé publique de portée internationale concernant l’épidémie de variole du singe.
Cette urgence de santé publique est définie par l’OMS comme un « évènement extraordinaire » dont la propagation constitue un « risque pour la santé publique dans d’autres Etats » et qui peut nécessiter « une action internationale coordonnée ».
L’OMS a ainsi émis une série de recommandations (ici en anglais) aux Etats pour juguler l’épidémie qui a touchée à ce jour près de 62 532 personnes et a entrainé la mort de 23 personnes.
Le 12 août, l’OMS a annoncé dans un communiqué de presse renommer les variants de la variole du singe, (ou de son nom scientifique Orthopoxvirose simienne). Ils sont maintenant distingués avec des chiffres romains. L’OMS a également annoncé mener un large processus consultatif en ligne pour renommer la variole du singe.
La variole du singe est une maladie virale dont les symptômes sont similaires à ceux observés chez les patients atteints de variole, bien qu’elle soit cliniquement moins grave.
Elle se transmet à l’homme par contact avec une personne, un animal ou un objet porteur du virus. Elle peut être contractée par contact direct avec le sang, les fluides corporels ou les lésions cutanées d’un animal infecté. Parmi les animaux qui la transmettent, on trouve différents rongeurs et des primates.
Guérison spontanée dans la plupart des cas
Cette maladie guérit spontanément souvent sous 14 à 21 jours. Elle peut être bénigne mais des liaisons infectieuses causées par la maladie peuvent provoquer des douleurs ou des démangeaisons.
Plusieurs études expérimentales ont montré que la vaccination contre la variole était efficace à 85 % pour prévenir la variole du singe. Ainsi, le fait d’avoir été vacciné auparavant contre la variole peut entraîner une maladie moins grave.
Le vaccin contre la variole n’est plus administré depuis l’éradication de cette maladie en 1980.
Un virus présent en Europe
La maladie est principalement présente en Afrique centrale et occidentale, souvent à proximité des forêts tropicales humides, mais apparaît de plus en plus dans les zones urbaines.
La variole du singe est dorénavant une maladie d’importance mondiale pour la santé publique car elle ne se limite pas aux pays d’Afrique occidentale et centrale mais touche aussi le reste du monde y compris certains pays d’Europe occidentale comme l’Allemagne, la France ou le Royaume-Uni.
Au 6 septembre, 24 256 cas ont été recensés en Europe et trois personnes sont décédés.
Le nombre de cas reste assez faible mais certains cas n’ont aucun lien direct avec des pays où la variole du singe était présente. L’étendue de la transmission communautaire n’est pas claire à ce stade, mais il est probable que d’autres cas seront recensés dans les prochains jours.
Lutter contre la stigmatisation
La grande majorité des ca, ont été diagnostiqués en Europe principalement chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. ‘Les solutions pour faire face à l’épidémie doivent donc également provenir de la Région Europe, sans stigmatisation ni discrimination à l’égard des communautés touchées et en partenariat étroit avec elles« , indique l’OMS.
Aux personnes actuellement les plus exposées – les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et en particulier ceux ayant des partenaires sexuels multiples – l’OMS recommande :
- Informez-vous – nous savons comment la maladie se propage, et aussi ce que l’on peut faire pour se protéger.
- Envisagez de limiter vos partenaires sexuels et vos interactions en ce moment. C’est peut-être un message difficile, mais la prudence peut vous protéger, vous et votre communauté.
- Bien que la vaccination puisse être accessible à certaines personnes présentant des risques d’exposition plus élevés, elle n’est pas une solution miracle, et nous vous demandons de prendre des mesures pour réduire ce risque pour le moment.
- Si vous avez ou pensez avoir la variole du singe, vous êtes contagieux – faites donc tout ce que vous pouvez pour éviter de propager la maladie. Isolez vous si vous le pouvez, n’ayez pas de relations sexuelles pendant votre convalescence, et n’assistez pas à des fêtes ou à de grands rassemblements où des contacts étroits auront lieu. »
L’ONUSIDA, l’agence des Nations Unies qui coordonne l’effort mondial pour lutter contre la pandémie de sida, a dénoncé la stigmatisation de certaines communautés, notamment envers les homosexuels et les personnes d’origine africaine.
L’Organisation s’inquiète de stéréotypes racistes et homophobes. Une part importante des cas a été identifiée parmi la communauté LGBTQ+, certains cas ayant été identifiés dans des cliniques de santé sexuelle.
Dans un communiqué de presse, ONUSIDA indique que les enseignements à tirer de la lutte contre le sida sont que la stigmatisation et le blâme dirigés contre certains groupes de personnes peuvent rapidement affaiblir la réponse aux épidémies.
« La stigmatisation et les accusations compromettent la confiance et la capacité à riposter efficacement pendant des épidémies comme celle-ci », a déclaré le directeur exécutif par intérim de l’ONUSIDA, Matthew Kavanagh.
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