« La troisième guerre mondiale est possible, et il est urgent de retrouver nos esprits », a déclaré le Président du Conseil européen, Charles Michel, le 26 septembre à New York lors de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Dans son discours, l’ancien Premier ministre belge a défendu la paix, la démocratie et le droit humanitaire international. Des valeurs centrales et des priorités pour l’UE dans un monde où « nous assistons, parfois c’est vrai avec un sentiment d’impuissance à trois conflits majeurs qui forment un cocktail explosif », a-t-il souligné.
En Ukraine, « un membre permanent du Conseil de sécurité a lancé une guerre illégale et non provoquée. C’est une tentative flagrante d’imposer la loi de la force plutôt que la force de la loi. (…) L’Union européenne soutient et soutiendra l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire ».
« Le peuple palestinien a droit à son État», affirme Charles Michel
Abordant la situation à Gaza, Charles Michel a pesé ses mots : « Liberté, solidarité. C’est en vertu des mêmes principes que nous condamnons les attaques terroristes abjectes portées par le Hamas, et nous exigeons la libération de tous les otages, sans conditions. Israël a le droit de se défendre dans le respect du droit international et du principe de proportionnalité. Nous voulons un cessez-le-feu immédiat conformément à l’ordonnance de la Cour internationale de Justice. »
« L’escalade sans fin doit cesser et je le dis, entraîner le Liban dans cette spirale est absolument irresponsable. Ces appels, y compris envers le gouvernement d’Israël, ont été vains jusqu’ici, et cela ne peut pas durer. Nous soutenons l’existence d’un État d’Israël démocratique, fort, vivant en paix et en sécurité aux côtés du peuple palestinien, qui doit disposer de son propre État, viable et stable.
Le peuple palestinien mérite le respect et la dignité. Mais je le dis au gouvernement d’Israël : viser la sécurité en négligeant la paix est un leurre. Cela ne fonctionne pas parce que la paix est la meilleure garantie de sécurité. Un monde alimenté par la vengeance et les châtiments collectifs est un monde moins sûr. Le peuple palestinien a droit à son État. Et la négation de ce droit nourrira indéfiniment les menaces sur la sécurité des Israéliens et sur celle des Juifs partout dans le monde. La négation des droits des Palestiniens rend le monde plus dangereux et mine le système multilatéral, qui ne peut pas tolérer le deux poids deux mesures. »
Plaidoyer pour le respect du droit international
Poursuivant sur la guerre civile au Soudan, Charles Michel a décrit un conflit dans lequel « comme toujours, ce sont les femmes qui paient le prix fort ». Il a évoqué « une gigantesque catastrophe humanitaire – 20 000 morts et des millions de personnes déplacées en situation d’urgence -, et c’est toute la Corne de l’Afrique qui menace de basculer dans le chaos. (…) Les livraisons d’armes doivent cesser, nous pouvons stopper ce conflit si nous le voulons ».
Pour conclure sur les conflits, le président du Conseil européen a déclaré : « La vie d’un enfant tué dans une école bombardée est précieuse, en Ukraine, à Gaza et partout dans le monde. La dignité bafouée d’une femme violée est sacrée, en temps de guerre comme en temps de paix, au Soudan, en Ukraine, partout dans le monde. Priver de nourriture une population entière est un crime de guerre, en Ukraine, à Gaza, au Soudan ou ailleurs. Un crime est un crime, quel que soit l’auteur et quel que soit le lieu. Notre indignation, pour être sincère, doit être universelle ».
La réforme du Conseil de sécurité
Charles Michel a condamné les actes de déstabilisation en cours. « Un constat saute aux yeux : Iran comme Russie pratiquent les mêmes recettes – menace nucléaire, ambitions impérialistes teintées de nostalgie et soutien à des groupes terroristes sans foi ni loi pour déstabiliser le voisinage et au-delà. »
C’est dans ce contexte que « le Conseil de sécurité doit se libérer du joug paralysant que devient le droit de veto dans sa forme actuelle ». Charles Michel a abordé la question de la réforme de cet organe, décrit comme « peu légitime, inopérant, et de plus en plus, un mort vivant ».
« Il faut réformer le Conseil de sécurité, le rendre plus inclusif : l’Afrique et l’Amérique latine notamment doivent disposer de sièges permanents. Les organisations régionales doivent être davantage intégrées aux processus de décision des Nations Unies, y compris, je le propose, en leur donnant une voie consultative systématique au sein du Conseil de sécurité ».
Développement durable, technologies, architecture financière internationale
Dans la seconde partie de son discours, Charles Michel a insisté sur la nécessité à aider les pays en développement à faire face au changement climatique.
Il a mis en garde sur l’évolution de l’intelligence artificielle, « des instruments de pouvoir et peut-être même d’asservissement économique et politique ; ils deviennent des armes de guerre. Nous devons encadrer ces progrès à l’échelle globale et nous soutenons les efforts du Secrétaire général des Nations Unies pour y travailler dans le cadre de cette enceinte ».
Quant à la réforme des institutions de Bretton-Woods envisagée lors du Sommet de l’avenir, Charles Michel a affirmé que « l’architecture financière internationale doit réduire les inégalités, pas les amplifier. Quand le paysan kenyan n’a pas accès à des micro-crédits à des taux abordables, ce n’est un détail. C’est un enjeu de développement global. »
Le président du Conseil européen a par ailleurs participé à une série d’événements parallèles et eu des rencontres bilatérales à New York, dont le président de l’Ukraine Volodymyr Zelensky.
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