En septembre, Rym et Marguerite lançaient l’application pour smartphone « Clear Fashion » qui permet de connaitre l’empreinte environnementale et sociale d’un vêtement et faire des choix durables et équitables. En 6 mois, leur application a été téléchargée 90 000 fois.
Pourquoi une application pour choisir ses vêtements ?
Pendant nos études en ingénierie agroalimentaire, nous nous sommes interrogées sur l’impact de l’industrie textile sur l’environnement et nous avons pris conscience de l’immensité des enjeux et des problèmes que pose la pollution liée à la production de vêtements.
Un vêtement fait plusieurs fois le tour de la terre avant d’arriver dans votre armoire. La production de coton a un impact énorme sur les eaux et sur la biodiversité, car il s’agit d’une culture qui utilise beaucoup de pesticides. Il faut savoir que 70% des cours d’eau en Chine sont pollués à cause de l’industrie textile. Cela a un impact à la fois sur l’environnement, mais aussi sur l’irrigation des cultures et donc sur les humains.
Des rapports dénonçant les conditions de travail dans la fabrication des vêtements ont aussi contribué à notre prise de conscience. Dans certaines situations on peut parler d’esclavage moderne.
Nous nous sommes dit qu’il fallait consommer autrement. On a réfléchi à une solution pragmatique, car on ne peut pas convaincre tout le monde d’arrêter d’acheter neuf.
Avec l’application que nous avons développée, le consommateur a un outil pour connaitre l’impact réel de chacun de ses achats.
Législation et initiatives internationales :
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Quelques exemples d’engagement :
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Combien de marques sont recensées sur votre application ?
À ce jour, une centaine. Mais depuis le lancement de l’application, nous avons eu 50 000 requêtes d’utilisateurs pour demander l’ajout de 3 000 marques !
Qu’est-ce qui motive le choix d’une marque plutôt qu’une autre ?
C’est notre communauté qui choisit. Nous avons lancé une vaste consultation via Facebook bien avant de créer l’application pour smartphone. Pour le lancement de l’application, on a choisi 80 marques qui correspondaient à 70% des requêtes de notre communauté et depuis, chaque mois nous en ajoutons.
Les marques peuvent aussi demander à être recensées. Il s’agit aussi d’un moyen pour certaines marques de communiquer sur leurs initiatives durables.
Quelle est la méthodologie de l’évaluation d’un vêtement ?
Il s’agit d’un questionnaire rempli soit par nous, soit par les marques. Ensuite notre algorithme associe les réponses avec des points. Par exemple, l’utilisation de « coton bio » est liée à une certaine note, d’une certaine thématique dans notre application. Le barème d’évaluation est le même pour toutes les marques.
Le fait de ne pas avoir d’information est en soi une information. Certaines marques sont incapables de connaître la provenance de leur produit, et ce manque d’information fait également partie de notre système d’évaluation.
Le mois prochain nous allons ajouter de nouveaux critères que nous ne prenions pas en compte jusqu’à présent. Nous allons valoriser par exemple les marques qui garantissent leurs produits ou celles qui donnent l’option de réparer les vêtements quand ils sont abîmés.
Comment évaluez-vous le « bien-être animal » lié à la production d’un vêtement ?
Les principes qu’il y a derrière le bien-être animal sont assez simples. S’il n’y a pas de matière animale alors le vêtement a tous les points pour ce critère.
A l’opposé, l’utilisation de peaux exotiques ou de matière considérées comme controversées par les ONG, comme la fourrure ou le crocodile, va baisser la note. Ce sont des animaux qui sont élevés dans le seul but de créer des chaussures ou des sacs. À partir du moment où il y a de la matière animale on va partir sur un a priori négatif parce que dans ce secteur-là il y a une opacité énorme.
Cependant si le vêtement est le résultat d’un coproduit alimentaire ou que les animaux ont été bien traités, le produit est bien noté.
Auriez-vous des conseils pour une garde-robe plus durable ?
La surconsommation est le problème. Il faut se demander ce dont on a vraiment besoin. Ensuite, il faut prendre le réflexe de l’achat d’occasion, la seconde main. Et si vraiment, on a besoin d’acheter neuf, il faut s’informer sur les conditions environnementales et sociales de la fabrication du vêtement. Et c’est là que l’on peut utiliser l’application « Clear Fashion ».