Début 2023, alors que la guerre en Ukraine faisait la une des journaux internationaux, une dizaine d’autres crises humanitaires passaient sous les radars. La plupart d’entre elles sont issues de conflits et de chocs climatiques.
Durant la seconde partie de l’année, de nouveaux conflits, en particulier au Proche-Orient ont éclaté et des catastrophes naturelles ont secoué la planète.
Voici 11 crises qui perdurent dans le monde.
Myanmar : risques sur la protection des civils
La population birmane est toujours confrontée à une crise politique, humanitaire et des droits de l’homme sans précédent. Celle-ci fait peser de graves risques sur la protection des civils. Elle limite l’accès aux services vitaux et entraîne une profonde insécurité alimentaire. Les besoins humanitaires se sont aggravés dans tout le pays, avec 17,6 millions de personnes ayant besoin d’aide cette année. Le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays a fortement augmenté pour atteindre plus de 1,4 million l’année dernière.
La moitié des enfants en âge scolaire au Myanmar – soit environ 4 millions – n’ont pas été à l’école depuis deux ans.
Haïti : pauvreté, violence et épidémie
Les besoins humanitaires en Haïti ont fortement augmenté en 2022 et devraient encore s’accroître en 2023. Près de la moitié de la population souffre désormais de la faim, et pour la première fois dans l’histoire d’Haïti, au moins 19 000 personnes sont confrontées au risque de famine.
Des gangs armés contrôlent les voies d’accès stratégiques dans le pays et dans la capitale, Port-au-Prince. Leurs actes forcent des communautés entières à fuir.
L’ONU a décidé début octobre 2023, à la demande du gouvernement haïtien, l’envoi d’une mission de soutien aux forces de l’ordre.
Au cours des derniers mois, des gangs ont bloqué le principal terminal pétrolier d’Haïti, paralysant l’économie et fermant les écoles. En parallèle, une nouvelle épidémie de choléra est apparue.
Alors que cette crise complexe perdure, le nombre de personnes qui auront besoin d’une aide humanitaire cette année devrait atteindre 5,2 millions, contre 4,9 millions en 2021.
République démocratique du Congo : un quart de la population a besoin d’aide
Une personne sur quatre, ont besoin d’une aide humanitaire en République démocratique du Congo (RDC). L’année dernière, la malnutrition a touché 6,4 millions de personnes, principalement des enfants de moins de 5 ans. Ce chiffre n’a pas diminué depuis 20 ans.
5,7 millions de personnes se sont déplacées à l’intérieur du pays, soit le nombre le plus élevé du continent africain.
Des épidémies graves mais évitables, telles que la rougeole, la fièvre jaune, le choléra et le paludisme font chaque année des ravages considérables en raison de la faiblesse des infrastructures, des contraintes d’accès aux soins et d’une faible couverture vaccinale. La RDC se classe parmi les pays ayant les taux les plus élevés de mortalité maternelle et infantile.
La Corne de l’Afrique : impact meurtrier de la crise climatique
La Corne de l’Afrique subit de plein fouet l’impact meurtrier de la crise climatique. La région se trouve aujourd’hui dans une situation sans précédent. Elle a connu cinq épisodes consécutifs de sécheresse, et un sixième est prévu en mars 2023.
Cette sécheresse persistante va entraîner une catastrophe continue pour les populations d’Éthiopie, du Kenya et de Somalie. Au moins 36,4 millions de personnes vont avoir besoin d’une aide d’urgence pour survivre, dont 26 millions pour lutter contre une grave insécurité alimentaire.
D’après les experts, la Somalie va être le pays le plus impacté. Plus de 9,5 millions de têtes de bétail sont déjà mortes, et d’autres décès sont prévus. Cela pourrait détruire les moyens de subsistance des éleveurs et des agriculteurs.
Le Sahel : sous financement chronique pour crise majeure
La violence armée et l’insécurité au Sahel ont augmenté en 2022. Le Burkina Faso, le Mali et le Niger étant les plus touchés. La situation ne devrait pas s’améliorer en 2023.
Les services d’éducation, de santé, d’eau et d’assainissement, qui étaient déjà faibles, sont encore plus perturbés. Plus de 11 100 écoles à travers le Sahel sont désormais fermées. La région est également durement touchée par la crise climatique, la sécheresse prolongée rendant l’agriculture et l’élevage impossibles pour beaucoup.
En 2023, 37,8 millions de personnes auront besoin d’une aide humanitaire dans la région, soit 3 millions de plus qu’en 2022. Mais le Sahel est chroniquement sous-financé. En 2022, les humanitaires n’ont reçu que la moitié de l’argent nécessaire pour aider les personnes dans le besoin.
Afghanistan : pire endroit pour les femmes et les jeunes filles
La prise de contrôle de l’Afghanistan par les talibans en août 2021 a entraîné une détérioration majeure de la situation humanitaire et des droits de l’homme dans le pays. L’Afghanistan est aujourd’hui l’un des pires endroits pour les femmes et les jeunes filles, avec leur quasi éradication des écoles, des universités, des lieux de travail et de la société publique.
Les incidents de sécurité et les attaques des groupes armés non étatiques se poursuivent.
En raison de l‘interdiction récente des travailleuses humanitaires, de nombreuses opérations d’aide dans le pays sont désormais suspendues. Au même moment, l’Afghanistan entre dans sa troisième année consécutive de mauvaises pluies et sa deuxième année de déclin économique.
En 2023 et au-delà, les deux tiers de la population afghane, soit 28,3 millions de personnes, auront besoin d’aide humanitaire et de protection.
Liban : crise économique et financière
Dans un contexte de gouvernance affaiblie et de paralysie politique, le Liban est confronté à une crise économique et financière sans précédent qui touche tous les habitants, y compris les réfugiés et les migrants.
Les besoins humanitaires devraient augmenter cette année, avec environ 2,3 millions de personnes nécessitant une aide. Pourtant, les humanitaires continuent de faire face à des contraintes opérationnelles en raison de l’effondrement de l’ordre public, de l’instabilité politique et de lourds obstacles bureaucratiques.
Syrie : plus de 11 ans de guerre et des millions de déplacés
Se réveiller en Syrie aujourd’hui, c’est envisager un avenir sombre. Plus de 11 ans après le début de la crise, le pays compte toujours le plus grand nombre de personnes déplacées au monde, soit 6,8 millions, et le plus grand nombre de personnes dans le besoin depuis le début du conflit.
Les indicateurs humanitaires et économiques continuent de se détériorer, avec des services de base et d’autres infrastructures essentielles au bord de l’effondrement, une épidémie de choléra persistante et des chocs climatiques.
La Syrie est l’une des urgences humanitaires et de protection les plus complexes au monde. Au moins 15,3 millions de personnes vont avoir besoin d’une aide humanitaire en 2023.
Yémen : des conditions de vie désespérées
Des années de conflit au Yémen ont laissé la vie et les moyens de subsistance de la population en lambeaux. Une trêve conclue entre avril et octobre 2022 a permis de réduire le nombre de victimes civiles et de personnes déplacées, mais les perspectives humanitaires du pays ne se sont pas améliorées, car des millions de personnes continuent de vivre dans des conditions désespérées. La pauvreté, la faim et les maladies sont endémiques dans la région, tandis que la santé, l’éducation et les autres services de base ne tiennent qu’à un fil.
Le conflit prolongé aurait coûté au Yémen selon les estimations 120 milliards de dollars, ce qui a entraîné un effondrement de l’économie et une inflation intense, en conséquence les besoins humanitaires ont augmenté.
En 2022, les organismes d’aide sont parvenus à aider environ 10,7 millions de personnes chaque mois, mais les pénuries de financement couplées à des obstacles massifs ont fortement réduit les opérations. En 2023, c’est plus de 21 millions de personnes à travers le pays qui auront besoin d’aide humanitaire et de protection.
Sud Soudan : conflits et crise climatique
En 2023, les humanitaires auront besoin de 1,7 milliard de dollars pour aider 6,8 millions de personnes au Sud Soudan. Dans tout le pays, les gens continuent de subir des conflits, des violences et des chocs climatiques, notamment des inondations intenses.
Ces facteurs, combinés à la pauvreté sous-jacente et à la faiblesse des services primordiaux, ont déclenché des niveaux élevés de déplacement, d’épidémies, de perturbation des moyens de subsistance et d’insécurité alimentaire.
Les projections indiquent que 8,2 millions de personnes, soit deux tiers de la population, pourraient connaître une insécurité alimentaire grave au plus fort de la période de soudure, entre mai et juillet.
Nigeria : le règne de l’insécurité
Le Nigeria confronte à un ensemble complexe de crises, notamment l’insécurité et la famine généralisée dans le nord-est.
Ces crises ont fait 2 millions de personnes déplacées, 4,4 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire grave et 1,7 million d’enfants souffrant de malnutrition aiguë.
En outre, l’année dernière, le Nigeria a connu les pires inondations de la décennie, affectant plus de 4 millions de personnes.
Cette année, 8,3 millions de personnes auront besoin d’aide, et les humanitaires ont pour objectif d’atteindre 5,9 millions des plus vulnérables d’entre elles.
Plus d’information
- Une faim catastrophique (Programme alimentaire mondial)
- 2023 : année vérité pour les déplacement forcés (Agence des Nations Unies pour les réfugiés, HCR)
- 11 crises qui ont besoin de plus d’attention et de soutien en 2023, selon l’UNICEF