Près d’un milliard de personnes dans le monde souffrent de troubles mentaux. A l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est inquiété du sous-financement de ce secteur de la santé, perturbé par la pandémie de COVID-19.
« Toutes les 40 secondes, une personne meurt par suicide, et il est désormais établi que la dépression est une cause majeure de maladie et de handicap chez les enfants et les adolescent(e)s », a déclaré le Secrétaire général dans son message.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime qu’une personne sur quatre sera affectée par un trouble psychologique au cours de sa vie.
Dans l’Union européenne, les troubles mentaux touchent plus d’une personne sur six. En France, les problèmes de santé mentale affectent 12 millions de personnes et constituent la maladie la plus fréquente après le cancer et les maladies cardiovasculaires.
En Afrique, 10 % de la population est actuellement concernée par un trouble mental. La prévalence est encore plus élevée dans les zones de conflit où une personne sur cinq est affectée.
Un manque criant de prise en charge
Cependant, au niveau mondial peu de personnes bénéficient de services de santé mentale de bonne qualité. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, plus de 75 % des personnes en souffrance ne sont pas traitées.
Ce manque de prise en charge affecte particulièrement les jeunes : la moitié des problèmes de santé mentale commence avant l’âge de 14 ans, mais dans la plupart des cas, ils ne sont ni détectés ni soignés.
Près de 90 % des adolescents du monde vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire et plus de 90 % des suicides d’adolescents se produisent dans ces pays.
Par exemple, en Afrique moins de 10 % de la population a accès à des soins de santé mentale. Un problème aggravé par le manque de ressources humaines adéquates. La majorité des pays africains comptent un psychiatre pour 500 000 habitants, loin de la recommandation de l’OMS d’un psychiatre pour 5 000 personnes.
Un impact majeur de la COVID-19
Une nouvelle enquête de l’OMS publiée le 5 octobre montre que la pandémie a perturbé ou interrompu les services essentiels de santé mentale dans près de 93 % des pays du monde. L’accès aux soins a été réduit en raison du risque d’infection dans les hospices et les établissements psychiatriques, des restrictions des contacts face à face, de la contamination du personnel soignant par le virus et de la fermeture des établissements de santé mentale, transformés en centres de soins pour les malades de la COVID-19.
Mais outre l’interruption des soins, la pandémie a également augmenté la demande de services de santé mentale. Le deuil, l’isolement, la perte de revenus et la peur déclenchent ou exacerbent les problèmes de santé mentale.
« Nous observons, maintenant, les conséquences de la pandémie sur le bien-être mental de l’individu, et ce n’est que le début », a estimé António Guterres.
De plus, la COVID-19 elle-même peut entraîner des complications neurologiques et mentales, telles que le délire, l’agitation et les accidents vasculaires cérébraux. La pandémie a également plongé de nombreuses personnes dans la précarité matérielle et sociale, un facteur de risque sur l’équilibre mental.
Un sous-financement chronique
La nouvelle enquête de l’OMS alerte sur le besoin urgent d’augmenter le financement dédié à la santé mental. « De manière générale, les gouvernements consacrent en moyenne moins de 2 % des budgets de la santé à la santé mentale. « Cette situation ne peut durer », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU.
Près de 9 pays sur 10 des pays ont indiqué dans l’enquête que la santé mentale et le soutien psychosocial faisaient partie de leurs plans nationaux pour répondre à la COVID-19, mais seulement 17% d’entre eux ont débloqué des fonds supplémentaires pour couvrir ces activités.
« Nous ne pouvons plus fermer les yeux face à la nécessité d’augmenter considérablement les investissements dans la santé mentale » insiste António Guterres. « Si rien n’est fait, de nombreux groupes, notamment les personnes âgées, les femmes, les enfants et les personnes souffrant de troubles mentaux, risquent de voir leur état de santé se dégrader considérablement à moyen et à long terme ».
Les bailleurs de fonds internationaux doivent également faire plus : la santé mentale reçoit toujours moins de 1 % de l’aide internationale destinée à la santé.
Ce manque d’investissements dans les services de santé coûte cher. Les estimations antérieures à la COVID-19 révèlent que près de 1000 milliards de dollars de productivité économique sont perdus chaque année du seul fait de la dépression et de l’anxiété. Tandis que chaque dollar dépensé en soins pour la dépression et l’anxiété rapporte 5 dollars.
La Journée mondiale de la santé mentale est l’occasion pour chacun d’entre nous de passer à l’action. En tant qu’individus en agissant pour notre propre santé mentale et en aidant nos amis et notre famille en difficulté , en tant qu’employeurs en mettant en œuvre des programmes pour le bien-être des employés et pour les gouvernements en investissant et en créant des services de santé mentale de qualité.