En 2020, le Luxembourg est devenu le premier pays au monde à rendre les transports publics gratuits sur l’ensemble du territoire national. Cette décision fait partie d’une stratégie de mobilité du gouvernement luxembourgeois qui vise à changer les habitudes de sa population.
Représentant plus d’un quart des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, les transports jouent un rôle essentiel dans la réalisation de l’Accord de Paris.
Alors que les dirigeants mondiaux se réunissent à Glasgow pour la Conférence des Nations Unies sur les changement climatiques (COP26) à partir du 31 octobre 2021, le projet au Luxembourg pourrait-il servir de modèle pour la mobilité durable ?
Une mesure sociale et environnementale
Depuis le 1er mars 2020, tous les utilisateurs des transports en commun au Luxembourg n’ont plus besoin d’un ticket pour monter dans un bus, un train ou un tram. Cette mesure s’applique aussi bien aux résidents qu’aux touristes et aux frontaliers de France, Belgique ou Allemagne qui travaillent au Luxembourg.
« L’introduction de la gratuité des transports publics est une mesure sociale qui revêt de l’importance, » a déclaré François Bausch, vice-Premier ministre luxembourgeois et ministre de la Mobilité et des Travaux publics, lors du lancement en 2020. « Il s’agit de la cerise sur le gâteau dans le cadre de notre stratégie globale visant une révolution multimodale », a ajouté-il, faisant référence aux aspects à la fois sociaux et environnementaux de ce projet porté par le gouvernement.
La gratuité des transports en commun signifie moins de dépenses pour les personnes à faibles revenus. Les pertes de revenus générées par la vente des billets (environ 41 millions d’euros) seront comblées par les taxes.
Un objectif à long terme plus durable
Avec sa nouvelle stratégie de mobilité d’ici à 2025, le gouvernement luxembourgeois veut persuader les voyageurs d’utiliser davantage le vélo et les transports publics, ou de choisir la marche. Pour ce faire, il s’efforce d’améliorer l’offre, la ponctualité et la qualité des services proposés.
Avant la crise de COVID-19, 250 000 places vides dans des voitures étaient acheminées vers la ville de Luxembourg chaque jour. En effet, en plus de sa propre population, plus de 200 000 frontaliers venaient travailler au Luxembourg. Pour pallier ce problème, le gouvernement souhaite améliorer la capacité du réseau ferroviaire national et doubler le nombre actuel de places de parking dans les gares ou à l’entrée des villes.
De plus, il prévoit également le réaménagement complet du réseau national de lignes de bus et le passage de la flotte à une technologie de propulsion alternative plus écologique d’ici 2030. Le gouvernement a aussi augmenté le nombre de points de recharge pour les voitures électriques dans tout le pays. À ce jour, 1600 emplacements de stationnement dédiés à la mobilité électrique sont disponibles.
Le gouvernement souhaite aussi développer un réseau cohérent de pistes cyclables, poursuivre le développement des tramways régionaux et créer une future troisième voie sur les autoroutes réservées au covoiturage et aux bus.
Une utilisation à la hausse ?
Depuis l’introduction de la gratuité des transports publics en 2020, la pandémie de COVID-19 a altéré la mobilité de chacun. Entre les différents confinements et l’instauration du télétravail, le Luxembourg n’a pas pu faire une déclaration fiable quant à l’efficacité de ses nouvelles mesures. Néanmoins, à la suite du déconfinement cet été, les chiffres récents montrent une augmentation de l’utilisation des transports en commun.
Le transport durable, la clé d’un avenir plus vert
Lors de la récente Conférence mondiale des Nations Unies sur le transport durable, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a appelé les gouvernements à encourager les options de transport propres et à investir dans des systèmes de transport durables et résilients.
« Les transports publics devraient être la base de la mobilité urbaine. Par dollar investi, ils créent trois fois plus d’emplois que la construction de nouvelles autoroutes », a-t-il déclaré.
Pour M. Guterres, les neuf prochaines années doivent être marquées par une transition mondiale vers les énergies renouvelables, et les transports durables sont au cœur de cette transformation.
« Le transport est bien plus qu’un moyen d’acheminer les personnes et les marchandises d’un point A à un point B. Il est fondamental pour la mise en œuvre du Programme 2030 pour le développement durable et de l’Accord de Paris (…) Nous devons agir ensemble, intelligemment et rapidement, pour que les neuf prochaines années comptent. »
En France, plus d’une trentaine de villes ont déjà instauré la gratuité pour les transports en commun, selon l’Observatoire des villes du transports gratuit. Certaines comme Paris, Montpellier, Lille ou Strasbourg proposent des transports gratuits pour certains voyageurs, comme les jeunes, les personnes âgées, les demandeurs d’emplois ou les handicapés.