L’Union européenne et les Nations Unies doivent coopérer pour résoudre les défis mondiaux, estime Camilla Brückner, directrice du bureau de l’ONU à Bruxelles, que nous avons rencontrée à l’occasion des Journées européennes du développement.
Mme Brückner, de nationalité danoise, a pris ses fonctions en septembre 2021 ; elle est également directrice du bureau du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) à Bruxelles
Pour Mme Brückner, le Global Gateway, nouvelle stratégie européenne visant à investir jusqu’à 300 milliards d’euros dans le secteur numérique, le climat et l’énergie, les transports, la santé, et l’éducation et la recherche doit intégrer la perspective de la jeunesse et soutenir les Objectifs de développement durable (ODD).
En quoi l’Union européenne est-elle un partenaire stratégique important pour les Nations Unies ?
Nous avons les mêmes valeurs, les mêmes principes et la même idée de la coopération multilatérale. Face aux défis que nous devons relever, nous devons nous rassembler car aucune nation ne peut résoudre seule la crise climatique, la crise de la sécurité alimentaire ; aucune nation ne peut surmonter seule la fracture numérique. Nous sommes tellement interconnectés que ce qui se passe d’un côté du monde va bientôt arriver de l’autre, comme nous l’avons vu avec la pandémie de Covid-19. C’est notre tâche collective : continuer à faire flotter les drapeaux bleus et à démontrer la valeur de la coopération.
Que pensez-vous de la nouvelle stratégie de EU, appelée Global Gateway ?
Le Global Gateway doit soutenir les Objectifs de développement durable. Pour cela, nous, l’ONU, sommes d’une grande aide pour l’UE en mesurant leur impact et en leur apportant des connaissances et expériences à ce sujet. L’UE est un partenaire important pour nous. L’ONU a une présence mondiale, ainsi qu’une connaissance intime des conditions nationales et locales.
Vous avez pris votre poste récemment. Quel est votre parcours, comment avez-vous rejoint l’ONU ?
J’ai étudié le commerce international avec une spécialisation sur l’UE à la Copenhagen Business School, puis j’ai fait un master en études européennes à la London School of Economics. J’avais essayé d’éviter ce domaine dans ma jeunesse, parce que mon père est également diplomate, mais j’ai dû admettre que l’on est affecté par son environnement et son héritage. On ne peut pas fuir cela. C’est vraiment là que se situent mes intérêts.
J’ai commencé par un stage à l’UE, puis j’ai travaillé au Centre d’études de politique européenne (Centre for European Policy Studies), basé à Bruxelles, avant de faire un bref passage dans le secteur privé. Mais je ne pouvais tout simplement pas me passionner pour le profit. Ce n’était pas dans mon ADN. J’ai obtenu un contrat avec la DG AID (aujourd’hui connue sous le nom de Direction générale des partenariats internationaux). C’est à ce moment-là que mon monde s’est ouvert au développement. Après quelques années dans les institutions européennes, j’ai rejoint la diplomatie danoise. J’ai été affectée à la représentation danoise aux Nations Unies, puis je suis devenue cheffe de cabinet adjoint au bureau exécutif du PNUD.
Quelles sont vos priorités en tant que directrice de l’ONU à Bruxelles ?
Le renforcement des partenariats avec l’UE figure en haut de la liste de priorités. Il s’agit de trouver des moyens de renforcer le dialogue politique et d’identifier les priorités communes qui auront un impact sur le développement humain. Les ODD, le numérique, la jeunesse et la planète sont au cœur de nos priorités. En ce qui concerne la paix, la sécurité et l’aide humanitaire, nous travaillons sur une façon de travailler sur la relation entre les trois secteurs.
2022 est l’Année européenne de la jeunesse, comment l’ONU coopère-t-elle avec l’UE dans ce domaine ?
Pour les JED, nous avons proposé à l’UE d’organiser un événement conjoint sur la jeunesse, en faisant entendre la voix des jeunes pour entendre ce qu’ils pensent de la manière dont le Global Gateway peut contribuer à la promotion des ODD. Il est intéressant de voir que la jeunesse se sent très concernée par cela et démontre de l’innovation, la créativité et l’énergie. Nous avons assisté à de véritables transitions dans la société, qui sont initiées par la jeunesse. En même temps, on a eu tendance à mettre trop de responsabilités sur les épaules des jeunes. Nous devons être la partie responsable, mais nous devons inclure leur perspective, leurs voix et leurs idées et les aider à les mettre en œuvre.
Enfin, quel est votre message pour la jeunesse ?
Pour leur carrière, je dis toujours aux jeunes candidats en herbe qu’il ne faut jamais se fermer aux opportunités inattendues. Vous pouvez planifier votre carrière dans une certaine mesure, mais vous devez toujours rester ouvert.
Mon principal message est le suivant : n’abandonnez pas ! Vous ne le sentez peut-être pas toujours, mais il y a une forte prise de conscience du fait que nous devons, et voulons, inclure vos points de vue et solutions. Nous sommes très conscients qu’il s’agit de votre avenir. N’abandonnez pas et faites-vous confiance. Vos intuitions sont très probablement bonnes.