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Journée mondiale du livre : les librairies dans la tourmente du COVID-19

Pendant le confinement : lisez ! Un conseil donné aussi bien par le président français Emmanuel Macron, au début du confinement, que par la reine Mathilde de Belgique, qui a même fait quelques lectures pour enfants en ligne. Paradoxalement alors que les gens ont plus de temps pour lire, les libraires n’ont jamais été aussi inquiets de leur avenir.

Alors qu’était célébrée hier la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, les libraires en Belgique comme en France ne savent pas encore quand et comment ils pourront reprendre leurs activités et pour certains, s’ils pourront même survivre.

« La librarie Flagey » à Bruxelles, spécialisée dans la bande dessinée, est fermée depuis le 19 mars. Trois employés en chômage technique et des factures qui s’amoncellent, Frédéric Ronsse, le patron, craint de ne jamais pouvoir s’en remettre. « J’ai perdu 85% de mon chiffre d’affaires sur cette période. » Occupé par les livraisons à domicile et l’administration de sa librairie, il ne chôme pas et essaie de sauver son commerce.

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© Librairie Flagey

« Pour les livraisons, je suis extrêmement prudent, j’ai des gants, un masque, du gel hydro-alcoolique, j’ai les mains toutes abîmées à force de les laver », raconte-il. Mais la fidélité de ses clients et le bouche à oreille ne suffisent pas.

« Le stock n’est pas renouvelé, les maisons d’éditions ne peuvent plus distribuer. Les lecteurs me commandent des livres que je n’ai pas, c’est là que je fais un vrai travail de libraire en cherchant ce qui pourrait leur plaire quand je n’ai pas le livre qu’ils cherchent », explique-t-il.

En Belgique comme en France, des aides d’Etat sont prévues pour les commerçants fortement touchés par ces longues semaines d’inactivités. Suffiront-elles ?

La librairie Flagey est inscrite sur le site « Je soutiens ma librairie » qui recense les actions mises en place par les librairies en France et en Belgique pour permettre à chacun de se mobiliser. Certains proposent des livraisons, d’autres de venir retirer des colis à la boutique, ou d’acquérir des bons d’achat à utiliser dès la réouverture.

Les librairies indépendantes, déjà soumises à la concurrence des spécialistes de la livraison, comme Amazon, ou des grandes surfaces qui ont aussi des rayons livres et sont restées ouvertes, ont été encore plus pénalisées pendant le confinement.

Le site de commande en ligne « Les librairies indépendantes » , qui aidait les libraires à contrer la concurrence d’Amazon, a du même arrêter les livraisons pour des questions sanitaires et des problèmes dans l’acheminement des colis. D’autres plateformes comme Place des Libraires, Lalibrairie.com, Les libraires ensemble, leslibraires.fr, Initiales

fonctionnent mais sont aussi confrontées à des problèmes de stocks, de personnel, ou de fermeture de nombreux points relais.

« Les chiffres sont alarmants. Pour mémoire selon l’institut GfK, les librairies ont perdu 52 % de leur chiffre d’affaires sur le mois de mars qui s’est achevé au 15, avec la fermeture des commerces non essentiels, et les pertes au mois d’avril s’annoncent encore plus lourdes. Côté éditeur, Antoine Gallimard, PDG du groupe Madrigall, évoque une baisse de 90% de son chiffre d’affaires, et demande au gouvernement que « la librairie soit un des premiers secteurs à pouvoir travailler après le confinement », écrit Mathilde Serrell, dans un article de France Culture, consacré à ce sujet.

A Berlin, les librairies, considérées comme commerces essentiels, n’ont jamais fermé. Depuis lundi, elles ré-ouvrent sur le reste du territoire allemand, ainsi qu’en Italie. Pour la Belgique, comme pour la France, les libraires attendent encore de savoir s’ils pourront bientôt à nouveau recevoir des lecteurs.

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