Jamais les conflits n’auront été aussi meurtriers pour le personnel humanitaire : l’an dernier 280 employés d’organisations diverses ont été tués dans 33 pays. Cela représente une augmentation de 137% par rapport à 2022.
L’année 2024 pourrait être encore plus meurtrière. Au 7 août, 172 travailleurs humanitaires ont été tués, selon le décompte provisoire de la base de données sur la sécurité des travailleurs humanitaires (Aid Worker Security Database), indique le Bureau de coordination humanitaire de l’ONU (OCHA) dans un communiqué.
L’ère de l’impunité
« Les combats meurtriers auxquels nous assistons dans de nombreux conflits à travers le monde ont mis en lumière une terrible vérité : nous vivons à l’ère de l’impunité », s’indignent plus de 400 organisations humanitaires dans une lettre adressée aux États membres de l’ONU.
Ces attaques contre du personnel humanitaire sont devenues d’une « effroyable banalité. Pourtant, en dépit d’une condamnation générale, les violations graves des règles de la guerre restent trop souvent impunies, poursuit ce courrier.
« Ce statu quo est honteux et ne peut plus durer », les signataires de cette lettre dans laquelle ils appellent tous les États, les parties des conflits armés et l’ensemble de la communauté internationale à :
- Mettre fin aux attaques contre les civils et prendre des mesures concrètes pour les protéger – ainsi que les infrastructures civiles essentielles dont ils dépendent.
2. Protéger tous les travailleurs humanitaires, y compris les acteurs nationaux, ainsi que leurs locaux et leurs biens, et faciliter leur travail, comme le demande la résolution 2730 du Conseil de sécurité des Nations Unies adoptée en mai dernier.
- Demander des comptes aux auteurs de ces crimes. Les responsables de violations du droit international humanitaire ne peuvent rester impunis.
Le respect du droit international humanitaire n’est pas négociable
« Nous ne devrions pas avoir à attendre un événement annuel tel que la Journée mondiale de l’aide humanitaire pour rappeler à toutes les parties d’un conflit armé et à tous les États les obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire », poursuivent les signataires de cette lettre. Pour eux, « le respect du droit international humanitaire doit s’exercer tous les jours, quelles que soient les circonstances. Il n’est pas négociable et ne fait pas l’objet d’exceptions ».
L’impunité conduit à la multiplication des attaques contre les civils et les travailleurs humanitaires, avec des conséquences directes ou indirectes comme l’insécurité alimentaire, la malnutrition infantile, les déplacements involontaires, la propagation de maladies infectieuses et d’autres menaces, détaille ce texte.
Les organisations signataires assurent : « Nous continuerons à rester et à intervenir dans les crises humanitaires à travers le monde, mais la situation exige que nous adoptions une position commune pour demander la protection de notre personnel, de nos volontaires et des civils que nous servons ».