« Gent en garde » est une initiative de la ville de Gand qui milite pour un approvisionnement alimentaire durable dans sa ville et qui a été proclamée comme l’un des quinze lauréats du Prix de l’action climatique mondiale par les Nations Unies. La ville a été sélectionnée parmi près de 700 entreprises, organisations et gouvernements dans le monde entier. C’est ainsi qu’elle voit sa persistance sur cette politique innovante récompensée. Le prix sera décerné lors de la Conférence sur le climat au Chili (COP25) du 2 au 13 décembre 2019. Nous avons parlé à Katrien Verbeke du Service environnement et climat de la ville de Gand.
Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez appris que vous aviez remporté le Prix de l’action climatique mondiale des Nations Unies ?
Ce prix est une reconnaissance très spéciale. Quel honneur pour nous de pouvoir inspirer le monde entier en tant que ville de taille moyenne. En quelques années seulement, nous avons mis en place une politique alimentaire qui nous positionne parmi les leaders du monde. Mais les défis restent énormes. Il s’agit là d’une forte incitation à poursuivre les efforts dans ce domaine.
Pouvez-vous décrire vos objectifs chez Gend en garde ? Quelles sont certaines des initiatives prévues dans le cadre de la politique ?
« Gent en garde » est le plan de bataille de la ville de Gand pour une alimentation savoureuse, locale et durable. Avec ses habitants, la ville vise des victoires tout au long de la chaîne alimentaire : de la production, la transformation, la distribution, à la consommation et la gestion des déchets.
Aujourd’hui, il existe de nombreuses initiatives sur l’alimentation durable et l’agriculture urbaine, telles que la vente à la ferme, les équipes alimentaires, les abonnements de légumes et les marchés de producteurs, Jeudi Veggie, les campagnes de commerce équitable, les restaurants sociaux et les jardins familiaux. Avec « Gent en garde », la ville de Gand souhaite renforcer et élargir des initiatives similaires, mais aussi lancer de nouveaux projets pilotes innovants.
Nous avons cinq objectifs que nous essayons d’atteindre. Premièrement, nous nous efforçons d’obtenir une chaîne alimentaire visible et plus courte, dans laquelle le producteur local peut vendre ses produits à proximité et directement au client. De cette façon, le contact est établi entre le producteur et le consommateur et donc le consommateur comprend mieux l’origine de sa nourriture. Deuxièmement, nous visons une production et une consommation alimentaires plus durables. La ville de Gand souhaite que les agriculteurs, les habitants et les utilisateurs participent à une agriculture urbaine durable et incite les consommateurs à consommer de manière plus durable. Troisièmement, nous voulons créer une valeur ajoutée sociale plus forte grâce à des initiatives alimentaires. La nourriture relie les gens de tous les âges et de tous les milieux. C’est donc un thème puissant pour assurer une meilleure cohésion sociale et un meilleur emploi. Quatrièmement, nous voulons réduire le gaspillage alimentaire. Un tiers de la nourriture que nous produisons finit aujourd’hui dans le tas de déchets, comme les légumes les moins beaux. En cherchant un marché pour les surplus alimentaires et en donnant aux habitants des conseils sur comment faire des achats conscients, de stocker et de traiter une alimentation optimale, Gand veut réduire la quantité de gaspillage alimentaire. Enfin, nous voulons réutiliser autant que possible les déchets alimentaires comme matière première. Lorsque les aliments deviennent des déchets, ils peuvent toujours être utilisés intelligemment. Cela peut être fait en fabriquant du compost à partir de déchets organiques ou en recueillant les déchets alimentaires séparément pour les traiter.
Pourquoi était-il important pour vous de créer une politique alimentaire urbaine ?
Certains itinéraires sont complexes et prennent du temps. D’autres apportent des succès inattendus. Foodsavers Gent en est un exemple. En l’espace de deux ans, nous avons redistribué 1000 tonnes de surplus alimentaires, alors que l’objectif au départ était d’atteindre 100 tonnes par an. De plus, nous touchons chaque année environ 40 000 gantois en situation de pauvreté, soit environ 16% de la population.
La Restorestje est maintenant établi dans environ un quart des restaurants gantois. C’est un autre moyen de parvenir à un véritable changement de comportement. Pareil pour le Jeudi Veggie. En nous concentrant sur la réduction de la viande pendant des années, nous obtenons des résultats spectaculaires. Environ 7% des gantois sont végétariens et 10% des repas scolaires sont végétariens (les jours autres que le jeudi, car les repas ce jour-là sont déjà 100% végétariens). Une augmentation de 20% par rapport à l’année dernière.
Qu’est-ce que votre initiative et son succès montrent sur Gand et ses habitants dans d’autres villes et municipalités ?
A Gand, il y a un climat parfait pour réaliser cette histoire. La ville ne le fait pas seule. De nombreux entrepreneurs, organisations et citoyens s’engagent en faveur de ces objectifs. Cela se reflète également dans notre Conseil de l’alimentation, où une trentaine d’acteurs des systèmes alimentaires gantois façonnent ensemble notre politique, décident des budgets et aident à déterminer le cap que la ville met en œuvre.
Que recommanderiez-vous à nos lecteurs pour apporter des changements alimentaires durables dans leur vie ?
Essayez de manger moins de viande ou plus de légumes. Un défi comme 40 jours sans viande est un bon point de départ pour goûter ce régime. L’impact sur votre empreinte est énorme. Surveillez également vos déchets alimentaires : n’allez pas faire vos courses quand vous avez faim, faites une liste, planifiez une journée où vous mangerez les restes de la semaine, conservez vos aliments au bon endroit dans le réfrigérateur. Essayez les produits sur un marché fermier, qui est bon marché et plein de saveur ! De cette façon, vous rencontrez le producteur derrière votre produit. Il est même préférable de récolter soi-même sur une ferme d’auto-cueillette.