Pour la première fois depuis qu’il est à ce poste, le Secrétaire général de l’ONU a utilisé le 6 décembre l’article 99 de la charte des Nations Unies pour alerter les membres du Conseil de sécurité sur « un risque grave d’effondrement du système humanitaire » dans la bande de Gaza.
L’article 99, l’un des quatre qui définissent les fonctions du Secrétaire général, lui donne le pouvoir de « porter à l’attention du Conseil de sécurité toute question qui, à son avis, peut menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationales ».
António Guterres, dans une lettre ce jour, appelle les membres du Conseil de sécurité à faire pression pour éviter une catastrophe humanitaire et réitère son appel à la déclaration d’un cessez-le-feu humanitaire. « C’est urgent », insiste le chef de l’ONU.
Le Conseil devrait se réunir en principe vendredi.
Effondrement du système humanitaire
« Nous sommes confrontés à un risque grave d’effondrement du système humanitaire. La situation se dégrade rapidement en une catastrophe aux implications potentiellement irréversibles pour les Palestiniens dans leur ensemble et pour la paix et la sécurité dans la région. Une telle issue doit être évitée à tout prix », a mis en garde le Secrétaire général, António Guterres, dans une lettre qu’il a adressé aux membres du Conseil de sécurité.
Alors que l’ONU et ses agences sont mobilisées pour apporter nourriture, eau, médicaments etc aux populations gazaouies, le chef de l’ONU constate que « Nous sommes tout simplement incapables d’atteindre les personnes dans le besoin à l’intérieur de Gaza ».
« La capacité des Nations Unies et de leurs partenaires humanitaires a été décimée par les pénuries d’approvisionnement, le manque de carburant, les communications interrompues et l’insécurité croissante », explique-t-il.
Le personnel humanitaire s’est joint à la grande majorité des civils de Gaza pour évacuer vers le sud de la bande de Gaza avant l’avancée des opérations militaires. Au moins 130 collègues de l’UNRWA ont été tués, souvent avec leur famille.
« Au milieu des bombardements constants des forces de défense israéliennes, et sans abri ni produits de base pour survivre, je m’attends à ce que l’ordre public s’effondre bientôt en raison des conditions désespérées, ce qui rendrait impossible toute aide humanitaire, même limitée », écrit le chef de l’ONU.
Il appelle donc les membres du Conseil de sécurité à faire pression pour éviter une catastrophe humanitaire et réitère son appel à la déclaration d’un cessez-le-feu humanitaire. « C’est urgent », insiste António Guterres.
Une seule résolution du Conseil de sécurité à ce jour
Après quatre tentatives infructueuses, le Conseil de sécurité de l’ONU avait adopté le 15 novembre une première et unique résolution sur la crise actuelle au Proche Orient, qui demandait « des pauses humanitaires urgentes et prolongées et des corridors dans l’ensemble de la bande de Gaza pendant un nombre suffisant de jours ».
Cette résolution demandait également la « libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages détenus par le Hamas et d’autres groupes, tout particulièrement des enfants ». Le texte insistait sur « la garantie d’un accès humanitaire immédiat ».
Ce texte était, selon les termes de l’ambassadeur chinois, alors président du Conseil de sécurité, le fruit d’un « consensus minimal ».
L’Assemblée générale de l’ONU, dont les résolutions ne sont pas contraignantes, mais ont un fort pouvoir de résonance politique et symbolique, avait adopté le 27 octobre un texte appelant notamment à une « trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue », à ce que toutes les parties respectent le droit international et à une aide continue et sans entrave dans la bande de Gaza ».