Une balle de tennis ne peut être utilisée que pendant neuf matchs environ. La quasi-totalité des 330 millions de balles fabriquées chaque année dans le monde sont donc jetées. La plupart finissent dans des décharges, où leur décomposition peut prendre plus de 400 ans.
Il est très difficile d’enlever le feutre du noyau de caoutchouc de la balle, en raison de la colle spéciale conçue pour maintenir cette couverture. Le feutre pose également problème : il s’agit d’un mélange de laine et de nylon qui ne peut être recyclé.
Pour toutes ces raisons, la designer belge Mathilde Wittock, 26 ans, formée en biodesign et design industriel au Central Saint Martins de Londres, a choisi de donner une seconde vie à ce matériau. Elle s’en sert pour créer des meubles et des panneaux d’isolation sonore.
Des balles coupées, teintes et assemblées
L’objet a beau être emblématique pour sa couleur jaune et sa bande blanche, ces deux éléments ont été éliminés par la designer. Elle coupe les balles à la main au niveau de la ligne blanche puis les plonge dans des bains de colorants naturels pour leur donner des teintes hors du commun.
Mathilde Wittock crée des cadres de meubles et des panneaux acoustiques avec des trous intégrés dans lesquels les balles de tennis déconstruites sont placées pour créer une surface roulante. Cette alternative au rembourrage offre une grande absorption acoustique. Les balles ne sont ni collées ni fixées, mais introduites dans ces trous, ce qui permet de les retirer et de les recycler facilement.
« Je ne voulais pas créer plus de matériaux, explique la designer. Pourquoi ne pas envisager des matériaux qui se régénèrent, comme ceux qui proviennent de nos déchets ?”
Des prototypes et un brevet déposé
Ces recherches ont retenu l’attention de médias tels que CNN et ICON Magazine. Aujourd’hui, Mathilde Wittock a déjà créé une dizaine de bancs et une chaise longue, dont elle a réalisé neuf prototypes. Son objectif : obtenir un matériau de surface circulaire, où tout est entièrement démontable, sans besoin de colle, tout en veillant à ce que les balles de tennis offrent toujours une sensation de rebond.
Elle s’intéresse aussi à la pollution sonore et son impact sur les êtres vivants. « Le design est souvent associé à la vue, mais si c’était pour l’ouïe ? Et si nous pouvions voir par tous nos sens ? Je veux m’éloigner de la perfection, de l’irréprochabilité et de l’homogénéité dans le design. J’accepte les imperfections des matériaux avec lesquels je travaille, c’est ce qui me passionne le plus ».
L’idée de circularité lui tient également à cœur. « Il y a des balles de tennis dans le monde entier, l’idée de leur recyclage peut être exportée. Je veux apprendre aux gens à l’étranger à faire la même chose. J’ai bénéficié d’une grande visibilité et on m’a conseillé de déposer un brevet, ce que j’ai fait. Cela m’aide à faire reconnaître le projet, à protéger l’idée et, éventuellement, à en accroître l’impact, ce qui permet d’investir davantage dans la recherche et le développement de ce matériau ».
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