Les institutions financières actuelles ne parviennent pas à soutenir les pays qui en ont le plus besoin. Pour le chef de l’ONU, qui s’exprimait à l’ouverture du Sommet pour un nouveau Pacte financier mondial, le système actuel est « dépassé, dysfonctionnel et injuste ».
Lors de ce sommet qui se tient à Paris les 22 et 23 juin, António Guterres a estimé que l’architecture financière internationale « a failli à sa mission de fournir un filet de sécurité global aux pays en développement ».
Ces institutions, notamment la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), créées il y a bientôt 80 ans, ne sont « plus à même de répondre aux besoins du XXIème siècle ».
Il a pris l’exemple des droits de tirage spéciaux alloués par le FMI en 2021. Les pays de l’Union européenne ont reçu 160 milliards, contre 34 pour les pays africains ! Autrement dit « un citoyen européen a perçu en moyenne 13 fois plus qu’un citoyen africain ».
Le système actuel perpétue et aggrave même les inégalités
Il a appelé à de nombreuses réformes, notamment l’allègement de la dette. A ce jour, 52 pays sont en défaut de paiement ou s’en rapprochent dangereusement. Il plaide pour la création d’un mécanisme d’allègement de la dette prévoyant des suspensions de paiements, des durées de prêt plus longues et des taux plus bas.
« De nombreux dirigeants sont confrontés à un choix cornélien : assurer le service de leur dette ou subvenir aux besoins de leurs populations (…). Beaucoup de pays africains dépensent aujourd’hui plus d’argent pour rembourser leurs dettes que pour les soins de santé », a poursuivi le chef de l’ONU.
Il a appelé à un nouveau « Bretton Woods », lieu où a été pensé en 1944 la régulation des finances internationales et où a été décidé la création du FMI et de la Banque mondiale.
L’immobilisme n’est pas une option
Le Secrétaire général des Nations Unies a proposé un Plan de relance des Objectifs de développement durable à hauteur de 500 milliards de dollars par an.
Il a suggéré que les dirigeants mondiaux acceptent d’étendre le financement d’urgence aux pays qui en ont besoin en réacheminant, à plus grande échelle, les droits de tirage spéciaux (DTS) inutilisés et en utilisant d’autres mécanismes novateurs pour accroître la liquidité mondiale.
Les dirigeants mondiaux peuvent également mettre en place un mécanisme d’émission automatique de DTS en temps de crise et les distribuer en fonction des besoins. Ils peuvent aussi donner un prix au carbone et mettre fin aux subventions accordées aux combustibles fossiles pour les réaffecter à des usages plus durables et plus productifs.
« Nous pouvons le faire dès maintenant et faire un pas de géant vers plus de justice » . Pour le chef de l’ONU, « l’immobilisme n’est pas une option » .