Les deux guerres mondiales sont tristement célèbres pour avoir été particulièrement meurtrières, mais elles ont surtout forcé des centaines de milliers de personnes à fuir leur pays d’origine. Pourtant, un rapport publié par le HCR en 2015 montre que le nombre de réfugiés, de demandeurs d’asile et de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays a dépassé les 50 millions de personnes pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale : du jamais vu !
L’UNICEF, qui a été créé dans le sillage de la seconde guerre mondiale, a récemment publié un article où des photos datant du siècle passé et de la crise migratoire actuelle sont apposées afin de montrer à quel point l’histoire se répète.
Cette campagne vise donc entre autres à rappeler qu’il y a un siècle à peine, les réfugiés étaient des Européens. A cette époque, ils ont également souffert des stéréotypes et préjugés, ont été mal accueillis et concentrés dans des centres pour migrants. Ces Européens, à l’instar des réfugiés actuels, fuyaient la faim, la persécution et la misère. Et parmi eux, il y avait des Belges.
Les réfugiés belges
En effet, lors de l’invasion allemande de 1914, 1 Belge sur 5 décide de quitter le pays. Cela se traduit en centaines de milliers (voire plus d’un million selon certaines sources) de Belges déracinés. Si les Francophones peuvent facilement communiquer avec leurs voisins français, les Flamands atterrissent dans un pays dont ils connaissent mal la langue, ce qui freine leur intégration et les empêche souvent de trouver un travail. Au début, ces réfugiés belges sont accueillis en héros par les Français. Mais plus la guerre dure, plus les tensions se cristallisent : ils seront bientôt taxés de profiteurs et de charge pour le pays. En effet, les Belges qui fuient la guerre reçoivent des aides de l’Etat français équivalentes à ce que reçoit la femme d’un poilu combattant. D’ailleurs, le célèbre Hercule Poirot d’Agatha Christie n’est pas Belge par hasard : la romancière s’est inspirée des ressortissants belges qui ont fui l’invasion allemande en 1914 et que l’Angleterre a accueillis sur son territoire àc cette époque.
Appel à la solidarité de la Mairie de Castre, Louis Balayé, 1914
Le siècle passé a donc également connu une crise migratoire majeure en Europe, et les photos reprises ci-dessous prouvent qu’elle n’était pas si différente de celle qui secoue actuellement l’Europe.
Quelques photos compilées par l’UNICEF :
Grèce, vers 1945: des familles occupent de petits espaces dans un centre pour réfugiés. En 2015, un centre d’accueil pour réfugiés à l’aéroport de Berlin-Tempelhof, utilisé durant le pont aérien de 1948, abrite 2000 réfugies (UNICEF)
Albanie, 1945: Une femme avec son enfant à l’entrée d’un camp pour personnes déplacées à Kavaja. En 2015, Fatima Marge tient son enfant de 18 mois, Hassan, dans ses bras à côté de son mari Ali, dans une tente dans un camp provisoire près d’Idomeni en Grèce (UNICEF)
Italie, vers 1950 : Des enfants handicapés jouent au football. En 2015, des adolescents jouent au football dans un centre d’accueil pour réfugiés et migrants dans l’ancienne République yougoslave de Macédoine. Les enfants ont besoin d’accès aux espaces sécurisés où ils peuvent se reposer et bénéficier d’un soutien émotionnel (UNICEF)
« On dit aux gouvernants, aux hommes d’Etat, aux peuples de s’instruire principalement par l’expérience de l’histoire. Mais ce qu’enseignent l’expérience et l’histoire, c’est que peuples et gouvernements n’ont jamais rien appris de l’histoire et n’ont jamais agi suivant des maximes qu’on en aurait pu retirer » Extrait de Leçons sur la philosophie de l’histoire, écrit 1822 par Hegel
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Pour aller plus loin:
- L’article de l’Unicef
- France24 « Grande Guerre: l’exode oublié des Belges en France«
Photos:
- UNICEF / Gilbertson VII
- UNICEF / Georgiev