Cette semaine, le Dr Océane Sorel répond à vos questions sur la COVID-19, les vaccins et les enfants âgés de 5 à 11 ans, en complément à notre page info-intox dédiée à lutter contre la désinformation sur le coronavirus.
Spécialiste de la virologie et de l’immunologie[1], le Dr Sorel a rejoint la « Team Halo » des Nations Unies, qui regroupe des médecins, scientifiques et chercheurs, tous volontaires et engagés dans la lutte contre la désinformation sur les réseaux sociaux.
Elle consacre également une partie de son temps à la vulgarisation scientifique sur son compte Instagram « @The French Virologist », où elle explique en terme simple, avec des sources certifiées, des faits scientifiques notamment autour de la COVID-19.
Océane Sorel a également répondu à vos questions sur la grossesse en temps de COVID.
La COVID-19 chez les enfants de 5 à 11 ans
Quels sont les symptômes fréquents de la COVID-19 chez les enfants ?
Les symptômes varient d’un enfant à l’autre. Tout comme les adultes, certains enfants sont asymptomatiques (= aucun symptôme), d’autres peuvent présenter des symptômes très variables tels que : fatigue, fièvre, toux, courbatures, diarrhées, altération du goût et de l’odorat, vomissements, etc…
Les enfants peuvent-ils développer des formes graves de la COVID-19 ?
Bien que l’infection provoque moins souvent des formes graves chez les enfants, certains développent tout de même des formes sévères pouvant s’accompagner de détresse respiratoire, myocardites,… ou bien encore se présenter sous forme de syndrome inflammatoire multi-systémique pédiatrique.
Dans son dernier avis du 20 décembre 2021, la Haute autorité de Santé en France précise que les formes sévères de COVID-19 affectent rarement les enfants mais, lorsque c’est le cas, près de 80 % d’entre elles sont retrouvées chez des enfants sans comorbidités.
Y-a-t-il des cas de COVID long chez les enfants ? Le vaccin permet-il de les en prémunir ?
Oui. Plusieurs études ont récemment été publiées sur le sujet, mais les données restent encore trop limitées pour pouvoir déterminer avec exactitude la fréquence et la sévérité des symptômes de COVID longs chez les enfants.
Les données disponibles dans les populations adultes vaccinées suggèrent que les vaccins réduisent le risque de développer un COVID long. Concernant les enfants, il n’y a pas encore de données disponibles pour cette tranche d’âge, mais il est fortement probable que ce risque soit également diminué par la vaccination.
Les enfants sont-ils contagieux ?
Oui. Les études montrent que, tout comme les adultes, les enfants peuvent être infectés par le virus et le transmettre à d’autres personnes, même lorsqu’ils sont porteurs asymptomatiques.
Le port du masque est-il dangereux pour leur santé physique ?
Non. Le port du masque ne constitue pas un danger pour la santé physique des enfants. Contrairement aux croyances populaires, ils n’empêchent pas de respirer.
La vaccination chez les enfants de 5 à 11 ans
Avec quel vaccin et à quelle dose sont vaccinés les enfants ?
Pour l’instant, il n’y a qu’un seul vaccin autorisé en Europe pour les enfants âgés de 5 a 11 ans : le vaccin Comirnaty® de Pfizer. Ce dernier contient une formulation pédiatrique contenant 10 microgrammes d’ARN, soit un tiers de la dose adulte. À l’heure actuelle, le schéma vaccinal pour les enfants comporte 2 doses espacées de 3 semaines d’intervalle.
Quel est le bénéfice de la vaccination pour les enfants ? Est-elle efficace? À partir de quel âge est-elle recommandée ?
Les données actuellement disponibles montrent que le vaccin est très efficace dans la prévention des formes sévères chez les enfants.
La balance bénéfices/risques de la vaccination des enfants en bonne santé a été évaluée par les agences du médicaments, EMA en Europe et FDA aux États-Unis, comme étant favorable.
L’intérêt individuel de la vaccination des enfants est d’autant plus important que la Haute autorité de santé en France précise que « dans le contexte de l’arrivée du variant Omicron, plus contagieux que le variant Delta, on peut s’attendre à une augmentation des cas de formes sévères chez les enfants » (avis du 20 décembre 2021).
Le vaccin a-t-il des effets secondaires particuliers sur les enfants ?
Les essais cliniques et les données du monde réel sont extrêmement rassurantes et ont montré que le vaccin était efficace et sûr pour les enfants. L’effet secondaire rapporté le plus fréquent est une douleur au niveau du bras. D’autres effets secondaires légers et temporaires peuvent également apparaitre tels que de la fièvre ou de la fatigue.
Concernant le risque de myocardites et péricardites, les données sont également rassurantes. Dans un récent rapport, les données américaines font état de 12 cas de myocardites parmi 8,7 millions de doses administrées chez les enfants entre 5 et 11 ans, ce qui constitue un risque extrêmement faible.
Il est important de mentionner que l’infection par le virus qui cause le COVID-19 peut aussi causer des myocardites à une fréquence plus élevée que le vaccin, ce qui explique également l’évaluation de la balance bénéfices/risques comme favorable en faveur du vaccin.
Enfin, les réactions allergiques à un des composants du vaccin constituent un effet secondaire extrêmement rare.
Les effets indésirables pourront-ils apparaître des années après la vaccination ?
Les éléments du vaccins ne restent pas présents dans le corps plus de quelques jours, ils sont très vite dégradés. Des milliards de doses de ces vaccins ont été administrées depuis le début de la pandémie, s’il y avait d’autres effets secondaires rares retardés on les aurait déjà identifiés. De plus, dans toute l’histoire de la vaccination il n’y a pas eu de vaccin ayant presenté des effets secondaires des années plus tard.
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[1] Océane est titulaire d’un doctorat (PhD) en Sciences dans le domaine de la Virologie/Immunologie et elle a obtenu en 2016 le titre de Docteur en Sciences de l’Université de Liège.
Elle part ensuite aux Etats-Unis pour démarrer un post-doctorat de Recherche à l’Université de Californie du Sud (USC) à Los Angeles afin d’étudier des virus humains provoquant des cancers. En 2018, elle entame un deuxième séjour postdoctoral, à l’Université de Californie, Irvine (UCI) dans un laboratoire qui étudie la réponse immunitaire face à des virus tels que Ebola et le virus de la varicelle et du zona.
Fin 2019, Océane quitte la recherche académique pour la recherche privée en Californie, dans le domaine des maladies infectieuses.