Pour nous protéger contre le nouveau coronavirus, nous devrions tous rester confinés. Or, pour beaucoup, le « chez-soi » n’existe pas.
Les populations vivant en situation précaire telles que les réfugiés et les personnes sans domicile fixe sont particulièrement vulnérables face à cette pandémie du COVID-19.
« Ces personnes n’ont tout simplement aucun moyen de mettre en œuvre les mesures de prévention contre le virus. Elles ne peuvent pas se laver les mains ou s’isoler des autres étant donné qu’elles n’ont pas d’endroit où se loger, » explique Djoen Besselink, responsable des projets belges pour Médecins Sans Frontières (MSF).
Beaucoup de ces personnes sont déjà en mauvaise santé et sont aussi souvent exclues des systèmes de santé. Certains pays, tels que la Belgique et la France, ont temporairement suspendus les nouveaux traitements des demandes d’asile.
Solutions en urgence
Plusieurs organisations gouvernementales, non-gouvernementales et des initiatives de citoyens travaillent en urgence pour trouver des solutions afin d’aider ces populations.
Au Portugal, le gouvernement a décidé de régulariser les sans-papiers : les demandeurs d’asile auront donc les mêmes droits que les résidents, notamment en matière d’accès aux soins médicaux, pour la durée de l’état d’urgence. La France prolongera de trois mois les attestations de demande d’asile qui sont arrivées à échéance. Pour sa part, le Royaume-Uni n’expulsera plus les demandeurs d’asile des logements de l’Etat pendant le confinement. Aux Pays-Bas, une caserne a été transformée pour accueillir des nouveaux demandeurs d’asile. En Belgique, des anciens hôpitaux et écoles ont été transformés en centres d’accueil temporaires.
Fonds d’urgence et logements temporaires
Des auberges de jeunesse, des infrastructures sportives et des hôtels sont en train d’être réquisitionnés par les autorités à travers l’Europe pour loger des personnes sans domicile. En Hongrie et en Autriche, ainsi qu’en France, en Espagne et en Belgique, les expulsions de logements sont suspendues pour éviter qu’il y ait une augmentation des sans-abris. Le Royaume-Uni a demandé aux autorités locales de trouver un logement pour chaque sans-abri. Il y a néanmoins des inquiétudes que certains logements en Europe ne pourront pas garantir la distanciation sociale.
Des centres temporaires ont aussi été établis afin de fournir un espace médical pour ceux qui sont contaminés mais qui n’ont pas besoin de se rendre à l’hôpital. A Bruxelles, Médecins Sans Frontières mettra en place une structure de triage et d’hébergement d’une capacité de 50 lits. En France, 40 sites de confinement seront réservés pour ces personnes. Au Luxembourg, Médecins du Monde maintient ces centres médicaux pour ceux qui sont oubliés du système. Au Danemark, un bus patrouille les rues pour détecter le virus parmi les sans-abris. A Berlin, l’association « Karuna » circule en ville pour contrôler la température des personnes dans la rue.
Des fonds d’urgence ont aussi été débloqués. En France, le gouvernement mettra en place un dispositif de chèques-services de 15 millions d’euros pour 60 000 sans-abris, pour acheter de la nourriture et des produits de première nécessité. Le gouvernement britannique a annoncé un appui de £3,2 millions. A Bruxelles, 4 millions d’euros ont été débloqués pour aider le secteur.
Réseaux de soutien sous pression
Des réseaux de soutien pour les sans-abris sont également sous pression. Moins de gens donnent de l’argent dans la rue. Plusieurs services cruciaux pour les sans-abris, telles que des soupes populaires ou des installations sanitaires, ont dû cesser leurs activités en raison d’un manque de bénévoles et pour se conformer aux mesures de distanciation. Au Royaume-Uni, l’association « La Cuisine du Peuple » estime qu’elle a perdu jusqu’à 30% de ses bénévoles.
En Espagne, des cantines communautaires seront établies pour distribuer de la nourriture à emporter. Des services sociaux dans le pays vont aussi distribuer des trousses d’hygiène, des aliments et des boissons. A Bruxelles, une piscine a ouvert ses portes pour permettre aux sans-abris de prendre une douche.
Plusieurs initiatives innovantes de citoyens ont aussi vu le jour. En Allemagne et en Italie, des gens remplissent des paniers avec de la nourriture et les accrochent dans des endroits désignés. Aux Pays-Bas, la fondation Sheltersuit fournit aux personnes dans la rue une veste qui peut aussi servir comme sac de couchage.
Risque de stigmatisation
La FEANTSA, la Fédération Européenne des Associations Nationales Travaillant avec les Sans-Abris, s’inquiète qu’il y ait une augmentation du nombre des sans-abris à cause des effets économiques de cette crise. Ils appellent aussi à une continuation du soutien offert aux sans-abris quand la pandémie se terminera.
Les sans-abris risquent aussi d’être stigmatisés et courent le risque d’être encore plus isolés.
« Les personnes sans-abris ne sont pas une source d’infection pour le reste de la population ; ce sont les personnes les plus à risques et les plus touchées donc il faut les protéger à tout prix, » souligne François Bertrand, Directeur de Bruss’help, un centre qui coordonne les dispositifs d’aide d’urgence pour les sans-abris à Bruxelles.
Comme souligne le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres : « Ce sont les personnes les plus vulnérables qui courent le plus grand risque de subir les conséquences les plus dévastatrices du COVID-19. »
Pour plus d’informations sur les réfugiés et demandeurs d’asile, voir les recommandations du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR)