Pour nous protéger contre le nouveau coronavirus, nous devrions tous rester confinés. Or, pour beaucoup, le « chez-soi » n’existe pas.
Les populations vivant en situation précaire telles que les réfugiés et les personnes sans domicile fixe sont particulièrement vulnérables face à cette pandémie du Covid-19.
« Ces personnes n’ont tout simplement aucun moyen de mettre en œuvre les mesures de prévention contre le virus. Elles ne peuvent pas se laver les mains ou s’isoler des autres étant donné qu’elles n’ont pas d’endroit où se loger, » explique Djoen Besselink, responsable des projets belges pour Médecins Sans Frontières (MSF).
Certains centres de sans-abris ont fermé leurs portes aux nouveaux arrivants pour éviter la surpopulation. De plus, étant donné qu’il n’est plus permis de rester en grand nombre dans une petite pièce, comme une salle d’attente, les portes du Centre d’arrivée (Petit-Château) à Bruxelles restent temporairement fermées afin de limiter la propagation du coronavirus. Cela a pour conséquence qu’aucune nouvelle demande d’asile n’est enregistrée au Centre d’arrivée et que les demandeurs d’asile n’ont donc plus accès aux structures d’accueil de Fedasil.
Plusieurs organisations gouvernementales, non-gouvernementales et des initiatives de citoyens travaillent en urgence pour trouver des solutions afin d’aider ces populations qui sont exclues du système.
Aux Pays-Bas, une caserne a été transformée pour accueillir des nouveaux demandeurs d’asile. En Belgique, le gouvernement a versé plus d’un million d’euros pour soutenir des centres de sans-abris et des banques alimentaires dans le pays.
A Bruxelles, une quinzaine d’établissements, tels que des auberges de jeunesse, des infrastructures sportives et des hôtels, sont en train d’être réquisitionnés par les autorités pour loger des personnes sans domicile. François Bertrand, Directeur de Bruss’help, un centre régional chargé de coordonner les dispositifs d’aide d’urgence pour les sans-abris, appelle à la population à ne pas stigmatiser ces personnes.
« Les personnes sans-abris ne sont pas une source d’infection pour le reste de la population ; ce sont les personnes les plus à risques et les plus touchées donc il faut les protéger à tout prix, » souligne François Bertrand.
La région bruxelloise a mis en place un poste médical avec la Croix Rouge pour les personnes testée positives au COVID-19. Ceux dont l’état de santé le requiert vont directement dans les hôpitaux. MSF mettra également en place une structure de triage et d’hébergement d’une capacité de 50 lits (extensible à 150 lits en cas de besoin).
Au Luxembourg, Médecins du Monde prend en charge ceux qui sont oubliés du système. Ils maintiennent leurs centres médicaux et leurs médecins consultent également par téléphone. Les patients suspectés d’être contaminés sont orientés vers les infrastructures mises en place par le gouvernement, telles que le centre d’exposition Luxexpo, qui a été transformé en centre de soins.
« Médecins du Monde appelle à la solidarité générale et demande à ce que les personnes sans abri puissent recevoir un accès non discriminatoire au dépistage et au traitement, que les informations diffusées soient adaptées à leurs conditions de vie et que les associations actives dans l’aide apportée aux personnes sans abri puissent continuer de recevoir le soutien indispensable de l’Etat, » explique leur président au Luxembourg, Dr. Jean Bottu.
Plusieurs initiatives de citoyens ont aussi vu le jour. Aux Pays-Bas, la fondation Sheltersuit fournit aux personnes dans la rue une veste qui peut aussi servir comme sac de couchage. A Gand, en Belgique, un fond commun a été lancée par plusieurs organisations pour les plus vulnérables. L’organisation Bond Zonder Naam, qui organise des projets sociaux en Flandres, a dû réorganiser ces opérations et contacte désormais des personnes vulnérables par téléphone.
« Tout le monde a des difficultés actuellement. Mais n’oublions pas qu’il y a toujours des gens qui ont encore plus de difficultés dans cette situation. Tout le monde mérite d’être protégé… Nous les appuyons de tout cœur, » explique Anniek Gavriilakis, directrice de Bond Zonder Naam.
Comme souligne le Secrétaire-général de l’ONU, António Guterres : « Ce sont les personnes les plus vulnérables qui courent le plus grand risque de subir des pertes dévastatrices à cause du COVID-19. »
Pour plus d’informations sur les réfugiés et demandeurs d’asile, voir les recommandations du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).