Depuis 2009, jamais autant de Palestiniens n’ont été déplacés en Cisjordanie. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), en 2023, 4000 personnes ont été chassées de chez elles. Et la tendance se poursuit.
OCHA documente depuis 2009 les déplacements de Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem Est liés aux démolitions d’habitation ou d’infrastructures conduites par le gouvernement ou les colons israéliens et à la violence. D’autres éléments coercitifs, tels que les démolitions de résidences et de biens palestiniens, la discrimination systématique à l’encontre de la population palestinienne, ainsi que les opérations violentes perpétrées à leur encontre, sont l’origine de ces déplacements.
OCHA souligne que la violence des colons israéliens et les restrictions d’accès ont été les principales causes de déplacement en 2023.
L’année 2023 a été marquée par une escalade alarmante de la violence des colons israéliens en Cisjordanie, entraînant le déplacement forcé d’au moins
1539 Palestiniens. La situation a atteint un point critique après le 7 octobre, marqué par une escalade de la violence, comprenant des agressions physiques et des menaces de mort et une augmentation de 81% des déplacements.
Les politiques d’occupation et de destruction
En 2023, les politiques d’occupation d’Israël ont tristement marqué la vie des Palestiniens en Cisjordanie, avec des démolitions massives, des déplacements forcés et une escalade de la violence.
Les démolitions de maisons en Cisjordanie atteignent des sommets alarmants en raison d’une politique discriminatoire d’Israël, qui rend pratiquement impossible l’obtention de permis de construire pour les Palestiniens.
La moitié des structures détruites à Jérusalem-Est l’ont été par leurs propriétaires, contraints sous la menace d’ordres israéliens et entraînant le déplacement de 354 personnes.
Les autorités israéliennes ont également intensifié les démolitions punitives en Cisjordanie, doublant le nombre de déplacements par rapport à l’année précédente. Pas moins de 173 Palestiniens, dont 70 enfants, ont été contraints de quitter leurs foyers.
Les forces israéliennes ont ajouté à cette tragédie en détruisant 220 structures supplémentaires au cours d’opérations, caractérisées par l’utilisation disproportionnée de la force, entraînant la destruction gratuite de biens et d’infrastructures dans des zones densément peuplées comme les camps de réfugiés de Jénine, de Tulkarem, et de Nur Shams.
Sous les radars des médias et de la communauté internationale
Malgré les incursions militaires israéliennes et la violence des colons qui ont engendré un nombre alarmant de décès parmi les Palestiniens en Cisjordanie, l’attention internationale est restée depuis le 7 octobre largement fixée sur le conflit entre le Hamas et Israël à Gaza.
Or « S’il n’y avait pas Gaza aujourd’hui, toute notre attention se porterait sur la Cisjordanie », avait alerté Philippe Lazzarini, le chef de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, (UNRWA), dès novembre dernier, lors de la Conférence internationale sur Gaza à Paris.
Il avait également condamné les références déshumanisantes faites aux Palestiniens, qualifiés de « terroristes », « animaux humains » et « peuple à effacer », soulignant que de telles expressions sont inacceptables et sapent tout espoir d’un avenir commun, attisant la colère et le ressentiment dans la région et au-delà.
La colonisation devant la Cour internationale de Justice
Hasard de calendrier, depuis lundi 19 février, la Cour internationale de Justice (CIJ) examine les conséquences juridiques de l’occupation israélienne des territoires palestiniens depuis 1967.
Cette initiative historique implique 52 pays appelés à témoigner, soulignant l’ampleur de l’attention internationale portée à cette question cruciale.
Ces audiences font suite à la demande de l’Assemblée générale des Nations Unies, qui a adopté une résolution le 31 décembre 2022. Cette résolution sollicite un avis consultatif non contraignant de la CIJ sur les « conséquences juridiques découlant des politiques et pratiques d’Israël dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est ».
La CIJ rendra un avis consultatif sur la question et devra préciser les responsabilités des États qui coopèrent à cette occupation.