21 janvier 2010 – La crise économique et financière mondiale a entraîné une augmentation préoccupante de l’extrême pauvreté à travers le monde : d’ici la fin 2010, en effet, celle-ci devrait concerner 64 millions de personnes de plus que si la crise n’avait pas eu lieu, selon un nouveau rapport de la Banque mondiale publié jeudi.
« L’augmentation de la pauvreté a de fortes implications pour les gouvernements des pays pauvres, qui sont confrontés à une baisse de revenus au moment où ils sont justement le plus sollicités », déclare Andrew Burns, le principal auteur de ce rapport intitulé « Perspectives pour l’économie mondiale 2010 : crise, financements et croissance. « Juste au moment où un effort accru est nécessaire pour protéger les plus vulnérables, certains gouvernements pourraient être contraints de revoir à la baisse les programmes existants. »
Selon Justin Lin, l’Économiste en chef et Premier vice-président de la Banque chargé de l’économie du développement, les pays les plus pauvres (ceux qui sont tributaires de dons ou de prêts subventionnés) pourraient avoir besoin de financements supplémentaires situés entre 35 et 50 milliards de dollars rien que pour maintenir leurs programmes d’avant la crise.
Le tragique coût humain de la crise financière se fait déjà cruellement sentir. Les chercheurs Jed Friedman et Norbert Schady estiment, par exemple, qu’en 2009, à cause de la crise, entre 30.000 et 50.000 enfants supplémentaires sont morts du fait de la malnutrition en Afrique.
L’économie mondiale sort aujourd’hui de la crise et les taux de croissance du PIB commencent à remonter. Le rapport signale toutefois que la croissance pourrait ralentir au cours des prochains mois de l’année, du fait que la croissance ne sera plus stimulée par les plans de relance, et qu’il faudra des années pour que l’emploi retrouve son niveau d’avant la crise et que la capacité industrielle disponible soit réintégrée.
Le PIB mondial, qui a diminué de 2,2 % en 2009, devrait augmenter de 2,7 % en 2010 et de 3,2 % en 2011. Le volume du commerce mondial, qui a connu une baisse de 14,4 % en 2009, devrait augmenter de 4,3 et 6,2 % cette année et en 2011, selon le rapport.
« La vigueur de la reprise dépendra de la progression de la demande des consommateurs et du secteur commercial, ainsi que du rythme auquel les gouvernements abandonneront les plans de relance budgétaire et monétaire », explique M. Burns. « Si ce rythme est trop rapide, cela pourrait compromettre la reprise; mais trop attendre pourrait recréer certaines des bulles qui ont précipité la crise. »
Les pays en développement devraient connaître une reprise relativement vigoureuse, avec une augmentation de 5,2 % de la croissance du PIB en 2010 et de 5,8 % en 2011, contre 1,2 % en 2009. Les pays riches, dont le PIB a baissé de 3,3 % en 2009, devraient voir leur taux de croissance progresser plus modestement, avec une augmentation prévue de 1,8 et 2,3 % en 2010 et 2011.
Les effets de la crise dans le monde en développement ont été divers. La récession a été importante en Europe et en Asie centrale, tandis que, par comparaison, la croissance continue d’être relativement forte dans la région Asie de l’Est et Pacifique. L’Asie du Sud, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont échappé aux pires effets de la crise, tandis que l’Afrique subsaharienne a été durement touchée et que les perspectives de reprise dans la région s’annoncent incertaines.
Dans la région Amérique latine et Caraïbes, où des fondamentaux plus solides ont permis de résister beaucoup mieux à cette crise qu’aux précédentes, le tremblement de terre dévastateur survenu en Haïti aura un coût économique énorme pour ce pays, bien qu’il soit trop tôt pour avancer des chiffres.
Le rapport estime que des conditions financières internationales très détendues de 2003 à 2007 ont contribué à l’essor qu’a connu, juste avant la crise, le monde en développement, en termes de financement et de croissance. Bénéficiant de capitaux peu chers, les pays en développement ont pu préserver une croissance élevée sans générer une inflation significative.
Ces conditions ne pouvaient cependant se maintenir sur le long terme, explique le rapport, et il n’est ni souhaitable ni envisageable de les recréer après la crise. Le coût des capitaux internationaux sera par conséquent plus élevé et les taux d’investissement plus bas au cours des prochaines années que durant la période d’expansion qui a précédé la crise.
Centre d’actualités de l’ONU